Amoureux des corps et des visages et de personnages silencieux en quête d'amour, le réalisateur de « Goodbye Dragon Inn » retrouve son acteur fétiche Lee Kang-sheng et nous offre avec « The Wayward Cloud » une oeuvre savoureuse, brassant le porno, la comédie musicale camp et le drame sentimental avec un humour dévastateur et un regard tout à fait singulier. A savourer sans modération. Autour de la rencontre entre une jeune femme et un jeune acteur de film porno dans un Taïwan privé d'eau où les gens survivent grâce au jus de pastèque, Tsaï réussit un virtuose mélange des genres. Aux longs plans fixes où se meuvent des personnages muets à la démarche animale, quasi reptilienne, succèdent des intermèdes musicaux colorés où dansent un homme-bite, un garçon-poisson pailleté et où résonnent les parapluies de Jacques Demy ainsi que des scènes sexuelles audacieuses et poétiques entre un fist-fucking fruitier, des giclées de sperme et des nouilles érectiles jusqu'au final, tout à fait bouleversant.