Ce premier film d'un jeune réalisateur est certainement l'une des meilleures nouvelles en provenance du cinéma espagnol depuis longtemps. Malgré une légère confusion et ce trop-plein de bonnes idées qui caractérise souvent les premières oeuvres, ce film urbain, distille patiemment un charme sophistiqué. Sous l'ironie du ton et la loufoquerie des situations, Daniel Sánchez Arévalo, appuyé par ses jeunes interprètes, enrobe l'âpreté d'un constat désillusionné et d'un message sans merci. Il s'attache à filmer les troubles identitaires d'une certaine jeunesse sentimentalement désemparée : deux frères, un ami et une femme entrecroisent leur destin avec les touchantes maladresses de leur âge. On y découvre surtout l'admirable petite maturité d'un cinéaste prometteur, qui ne cultive en aucune manière ce complexe almodovarien qui écrase si souvent le jeune cinéma ibérique : Azul oscuro est séduisant tout en ne ressemblant qu'à lui-même, ce qui est déjà un très bon présage.