- Pourquoi tant se prendre la tête sur ce que pensent les Eglises de
l'homosexualité? A y donner de l'importance, ne leur donne-t-on pas un pouvoir qu'elles n'ont plus depuis 1789?
- Chrétien et homo pratiquant: schizophrénie assurée?
- Si t'es gay, c'est triste pour toi. Mais résiste et dieu te pardonnera!
- Aimez-vous les uns les autres: encore une arnaque ou le début d'une vraie réponse?
- Une messe officielle à la gay pride. Et pourquoi pas un Te deum avec le roi tant qu'on y est?
- Libérer les Eglises! Et si c'était çà le véritable combat à mener pour nous libérer?
Synthèse
Une évidence, nous vivons dans un monde réglé par les valeurs judéo-chrétiennes. La question est de savoir qu'en faire. La séparation de l'Église et de l'Etat est un principe que personne n'envisage de remettre en cause. Mais alors pourquoi la BLGP a-t-elle accepté de rétablir la messe dans le programme officiel de la Gay Pride alors qu'elle l'avait retirée. C'est une affaire privée. « Ça me dérange. Je trouve ça même délirant. C'est comme si on voulait se reconnaître tous dans le même parti. » Si au moins la cérémonie religieuse rassemblait les différentes Églises chrétiennes voire même au delà s'ouvrait aux autres grandes religions? L'esprit oecuménique existe du côté des organisateurs, encore faut-il qu'il y ait une réponse des autres croyants.
Exit alors la messe officielle au profit d'une cérémonie privée entre ceux que cela concerne parmi d'autres manifestations comme il en existe beaucoup pendant la semaine arc-en-ciel?
Pas si simple. Les homosexuels revendiquent leur droit à une vie spirituelle. Accepter la messe dans le programme officiel de la Gay Pride, c'est reconnaître la lutte qui se passe à l'intérieur de l'Église catholique et qui n'est seulement celle des homosexuels. Les chrétiens ont besoin de cette solidarité, du soutien de l'ensemble de la communauté gay. La messe? « On est catholique techniquement, mais on ne se dit pas catholiques. On vit dans la diversité. »
La question est de savoir pourquoi le besoin d'une vie spirituelle doit s'inscrire dans le schéma de l'Église. Être homo est incompatible avec l'appartenance à l'Église. Faire son coming out, c'est rejeter le modèle hétéro. Comment combattre quelque chose qui a été à sa base créée par des hommes machistes? C'est vicié au départ. Alors on tourne la page. C'est d'autant plus évident que de toute façon l'Église exclut ceux qui vivent leur homosexualité. Il n'y a pas à choisir, on est de toute façon mis à la porte. Alors on se dit l'Église c'est fini et on se cherche autre chose. « J'ai choisi d'en sortir, mais j'aurais bien aimé écrire une lettre pour le dire. »
Les femmes tout aussi amoindries restent et se révoltent. On peut adhérer à l'Église et ne pas partager toutes ses normes. « Si on devait toujours quitter ce avec quoi on n'est pas d'accord, rien ne bougerait plus. » Le choix peut être de vouloir changer les choses de l'intérieur. Qu'on le veuille ou non, l'Église est productrice de valeurs et de normes qui influencent notre société. Plus encore, elle est productrice de liens sociaux. Elle en est même une des plus grandes sources. On peut se dire « quand on est gay, la religion c'est fini. Puis 20 ans plus tard j'ai rencontré une communauté chrétienne gay. J'ai changé.
Et d'ailleurs pourquoi désespérer de l'Église. En '68 les homos se faisaient jeter des groupes gauchistes quand ils avaient le culot de s'affirmer comme tels. Depuis l'évolution a été extraordinairement positive. Rien n'interdit de penser qu'une évolution du même type puisse avoir lieu dans l'Église. « Sauf que pour le moment on assiste à une formidable régression. »
Il y a une contradiction sans doute entre les valeurs spirituelles de l'évangile et l'appareil de l'Église. Ce qui est agaçant, c'est de constater combien l'Église pratique l'exclusion alors que le message chrétien est d'amour et de lien social. « La tolérance n'est pas une valeur chrétienne, c'est un anachronisme. Il suffit de lire la 2de épître aux Corinthiens. » L'Église est un système idéologique puissant qui a un talent particulier pour laisser croire à un libre débat puis ensuite l'écraser. Le coup de crosse contre la théologie de la révolution en est un fameux exemple, d'abord tolérée puis cassée. L'institution à bien des égards développe le même type de totalitarisme que le système communiste. Il n'y a pas d'espoir parce que fondamentalement, il n'y a pas de démocratie.
Il faut faire la distinction entre l'institution et les personnes. Et aussi savoir de quelle institution on parle. Recouvrir sous la même étiquette chrétienne, catholiques et protestants, est un non sens. Sans doute est-ce la même foi mais pas les mêmes institutions. Pour une Anglican l'Église de Rome fait figure de référence exotique même si elles se rapprochent quant à leur conservatisme antihomo. Les textes ne sont pas aussi antihomosexuels que l'on veut le dire. Les interprétations divergent. Ce sont les valeurs qui sont importantes.
« Les valeurs? Mais quelles valeurs? Sans l'Église je les ai aussi. La foi, tu l'as ou tu ne l'as pas. C'est comme d'être homo. » La spiritualité? Mais faut-il être chrétien pour ça? Et d'ailleurs tout le monde n'a pas nécessairement besoin d'une spiritualité. Alors quand on parvient à s'en passer, on a du mal à comprendre l'autre camp. Par exemple cette pratique de l'exégèse des textes pour les arranger à sa sauce, « ce besoin de me référer à une autorité supérieure pour me dire si je suis bon ou mauvais, ça me révolte. »
« Est-ce si difficile de se dire chrétien chez les gays? »
Une lecture protestante:
« L'homosexualité dans le Proche-Orient ancien et la Bible » de Thomas Römer et Loyse Bonjour chez Labor et Fides