jeu. 21/10/2004 - 20:30
Rainbowhouse

Ces mots qui nous nomment : « Pédés », « Gouines », de l'insulte à la fierté ?


-Nous nommer, est-ce nous identifier, nous distinguer ou nous stigmatiser ?

-Se dénommer « Pédé », « gouine », « folle » ou « queer » est-il un acte politique ? Et si ce sont les autres qui nous appellent ainsi ?

-Langue ou argot homosexuels ? Un langage commun définit-il une communauté ?

-Pour ou contre une loi réprimant l'insulte homophobe et sexiste ?

-De l'appellation à l'existence : les noms qui nous désignent constituent-ils qui nous sommes ?

-Les gays et lesbiennes ont-ils un langage, un vocabulaire, une grammaire ?

-Cette langue est-elle commune et partagée ou exclut-elle certains ?

-Des mots homos, une culture à décoder ? Mots subversifs ou à subvertir ?
Goudou, colleuse de timbres, camioneuse, enculé, pédale, fiotte, lesbish....

Tiens toutes ces injures sont des mots féminins ou des mots féminisés, à l'exception d'enculé...la féminisation est une stratégie de dénigrement ou de dévalorisation, on insulte les pd en leur collant un nom féminin, on insulte une gouine en féminisant de mots masculins.

Cette gueulante sur la nomination va être principalement une gueulante sur l'insulte, l'insulte..c'est quoi ? un mot ?

Un mot oui, mais un contexte : grosse gouine n'aura pas la même signification si c'est énoncé par une lesbienne dans un bar de fille ou par un mec à la sortie d'un match de football.
Deux aspects de l'insulte ont été évoqués, aspects complémentaires, l'un produisant l'autre : l'insulte comme stratégie de dévalorisation de l'autre et l'insulte réappropriée comme arme d'affirmation.
La première on fait sa connaissance avant de comprendre qu'elle nous désigne ou qu'elle nous désignera un jour... Sale PD, grosses gouines, on l'a entendu, on l'a peut-être utilisé sans que l'on sache qu'un jour le sale pd ou la sale gouine et bien ce sera nous.

Elle fini par lasser, par laisser indifférents certains et certaines, mais d'autres la reçoivent toujours aussi difficilement, elle suscite chez eux-elles colères et frustrations. Elles nous blessent parce qu'elles nous mettent à nu par la violence.
Mais l'insulte on peux la retourner et la transposer en étendard, en arme d'identification.
"Nous sommes 242 salopes qui se font enculé par des arabes", osons les mots qui ont du poids

-PD Gouines VS Gay
-Noir Vs Black
-Arabe Vs Beur

Ces insultes-étendards ont les utilises pour se nommer entre pd-gouines, mais il y a un plaisir, pour ne pas dire une délectation, à les utiliser face à des hétéros qui usent de prudence pour nous nommer correctement : "je sortirai bien avec toi dans un bar gay ce soir.. Ha oui, tu veux dire aller danser dans une boîte de tapette ?
On les utilise aussi pour s'auto-nommer..."je n'ai jamais réussi a m'appliquer les termes homophile et gay.... pour moi je suis un pd".

Les mots par lesquels on se nomme, on quitte le domaine de l'insulte. Gay ? vous dites je suis gay ? Gay est un terme neutre, propre sur soi, qui évacue tout aspect sexuel, donc tout l'aspect dérangeant (humm pas si évident, est-ce uniquement le sexe qui dérange chez les pd ?).
Gay, ce mot a le mérite de nous nommer et de nous auto-désigner autrement que par un terme co-noté négativement. En Afrique, l'homosexualité n'est pas nommable autrement que par l'insulte. Il est important d'avoir à sa disposition parmi l'éventail des mots qui nous désigne, un mot neutre.
Les mot par lesquels on se nomme.....par lesquels on nomme les autres pd gouines lorsqu'on veux les dévaloriser : t'as vu cette grosse tapiole ? ohhhhh non pas cette grosse folle, quelle salope celle-là...etc....on pourrait peut-être y réfléchir, sans tomber dans le politiquement correct : se réapproprier les insultes pour les transformer en vecteur d'identification positive, certes...mais utiliser ces insultes qui nous dévalorisent pour en insulter d'autres plus pd que nous ou gouines au carré, alors la..dans quel jeux joues-t-on ? Par un curieux effet d'assimilation d'une hiérarchie qui nous place en bas de l'échelle des genres, (pire qu'une femme, une lesbienne, même pas un homme, une tapette) on en vois certain-e-s qui revendiquent un look hétéro pour mieux se démarquer des folles (moi personnellement j'ai jamais compris ce que c'était le look hétéro et je n'ai surtout jamais saisi en quoi c'était enviable ou sexy..)

Parole de gueulant-e-s :

"Je suis lesbienne, je suis lesbienne, je suis lesbienne, je suis lesbienne" à dire en se regardant droit dans les yeux face à son miroir le matin au saut du lit.

"Ils sont parfait, ils sont comme TF1".

"Au secours, une lesbienne, chéri, j'ai peur"

"Pourquoi dire je mange un fruit, si je mange une pomme"

"dites le avec des fleurs"


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