Nan Goldin a révolutionné l’art de la photographie et réinventé la notion du genre et les définitions de la normalité. Immense artiste, cette femme lesbienne est aussi une activiste infatigable.
Toute la beauté et le sang versé appartient à un registre rare, celui du sublime documentaire. Il se compose de multiples choses et emprunte deux directions principales, audacieusement entremêlées.
L'une se met à raconter la vie et à retracer l'oeuvre de Nan Goldin à travers ses propres photographies, ses archives et celles de ses ami·es photographes, cinéastes, artistes.
L'autre décrit le combat mené par Nan Goldin et des centaines de militant·es pour dénoncer le rôle de la richissime famille Sackler, puissance de l’industrie pharmaceutique, dans ce qu’on appelle la «crise des opiacés», l’addiction de masse aux médicaments antidouleur disponibles sur ordonnance, responsable de la mort de 500 000 personnes aux Etats-Unis.
C’est cette rencontre permanente des deux directions (le temps de l’action et le diaporama de l’histoire) qui parvient à libérer, magnifiquement, l’émotion contenue dans cette œuvre majeure, tellement politique, d'une beauté et d'un érotisme jamais vu.
Un documentaire exceptionnel, puissant et féroce, qui a été couronné par le Lion d'Or (Meilleur film) au dernier festival de Venise.