Cette plongée en eau « trouple » est l'histoire d'une alliance tapageuse formée par deux hommes et une femme qui s’en vont à la mairie dans l’espoir de s’unir. Pas de chance, on est en France en 2016 et le maire exaspéré les reçoit en les invectivant. Ils partent sillonner le pays pour aller voir ailleurs si leur liberté s’y trouve : à la mer, à la ville, en famille, à l’école. Un voyage échafaudé sauvagement, road-movie enragé, drôle et insoumis dont on ne sait si c’est lui qui s’amuse à détraquer le réel, ou si c’est le réel lui-même qui y dévoile son secret visage difforme. Porté par des images fortes et impulsives, rugissements des quads sur les routes de Corse, patinage artistique à poil et avec des masques de catch mexicain, irruption d’une autruche dans les rayonnages d’un supermarché désert, small talk avec un Christ sanguinolent, Apnée, titre curieux est le premier long métrage d’une meute – pardon d’une troupe, Les Chiens de Navarre. Il n'y est pas question de plongée, mais plutôt de l'air qui manque dans un monde devenu irrespirable dont le film brosse un portrait enragé. Mais en apnée, on survit, on atteint même un état unique de la conscience. Le film et son merveilleux « trouple » nous renvoient sans doute à ce qu'on peut trouver de mieux au fond de nos poumons vides : un trou d’air primitif, un rire furieux et un cri du vrai.
