IL N’Y A PAS DE RAPPORT SEXUEL

2011
79'
France
vo: fr
sub: en

Synopsis

Un portrait de HPG, acteur, réalisateur et producteur de films pornographiques, entièrement conçu à partir des milliers d’heures de making-of enregistrées lors de ses tournages. Plus qu’une simple archive sur les coulisses du X, ce film documentaire s’interroge sur la pornographie et la passion pour le réel qui la caractérise. Le film se compose entièrement d’images existantes, milliers d’heures de making-of accumulées depuis dix ans par HPG, acteur-réalisateur-performeur de génie, à qui l’on doit un premier long métrage, On ne devrait pas exister, et dont on attend le second avec impatience. Ainsi, sur chacun de ses tournages, une caméra DV posée sur pied le filme en train de diriger ses acteurs (d’une façon, disons, peu conventionnelle), de débriefer avec eux ou de passer lui-même à l’action. On le découvre tour à tour concentré, bordélique, consciencieux, manipulateur, vrai salaud, touchant, drôle, pathétique, impérial. C’est un peu comme si une équipe du magazine Strip-tease se tenait à ses côtés depuis des années, sauf que notre homme est toujours tout seul, avec sa bite et sa caméra (et ses acteurs). Un cas, probablement unique, de mise à nu par lui-même d’un artiste (sans guillemets) au travail, un abandon complet, donc, qui ne prend toutefois sens qu’une fois le magma d’images passé par le regard d’un autre artiste, capable de lui donner forme et sens. C’est ici que Siboni intervient, de façon remarquable. Son film est construit comme une vaste comédie du travail – Luc Moullet en aimerait la sécheresse burlesque, l’absurdité profonde et l’humour à froid –, une enquête anthropologique éloignée de tout jugement moral, sur une petite entreprise qui fait des corps sa matière première et de la caméra son outil de travail. Monté avec un sens aigu de la dramaturgie qui n’en fait pas un objet de galerie mais bel et bien de salle obscure, Il n’y a pas de rapport sexuel – référence maligne à Lacan – montre d’abord l’attente, l’exténuation des corps, les trucages un peu minables : ici les fausses claques sur les fesses, là le faux sperme ou les positions impossibles. Mais il montre aussi les moments de grâce volés à la rapacité de la caméra : tel baiser véritable entre deux acteurs soudain pris d’un violent désir, alors qu’ils viennent de baiser pour de faux et que le réalisateur est parti faire une pause, telle crise de larmes d’une actrice débutante au moment du “coupez !”, dont on ne sait si la douleur ou le plaisir intense l’a provoquée – moments proprement sublimes qui font trembler la fine paroi entre la pornographie et l’art, et regretter que les deux ne décident pas plus souvent de se donner la main. On se dit alors, sans que ne soient jamais accablés, c’est la grande force du film, les protagonistes de ce petit monde tel qu’il va, on se dit qu’il s’en faudrait de peu pour que le surgissement de la beauté dans le porno ne soit plus l’exception mais la règle.

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