Serginho, un adolescent de 14 ans, est harmonieusement intégré à un large tissu social, professionnel et familial ; on le voit louvoyer, passer constamment d’un lieu à un autre, d’un univers à un autre, avec dignité et constance. Il navigue entre le marché où il vend des légumes, son modeste foyer, l’appartement d’un professeur dont il essaie de faire un substitut de père, et un petit cirque auquel est dévolue la minuscule part féerique du film. Serginho doit à la fois assumer l’absence (d’où le titre) de son père, qui met les voiles dès les premières minutes, et la pesanteur d’une mère alcoolique (ceci explique cela), quitte à sécher l’école pour travailler sur un marché avec son oncle. La beauté du film réside dans son équilibre parfait et son refus obstiné du pathos et du chewing-gum psychologique. Ce drame substitue au fatalisme plombé du réalisme poétique les aléas du quotidien, que l’adolescent affronte avec un détachement presque serein – mais pas angélique. Soit une œuvre qui sonne toujours juste en détaillant les multiples choix qui s’offrent à un adolescent pauvre, livré à lui-même mais alerte et ouvert au monde.